Les aventures de
Scuba Sarah
Par Sarah Gauthier
Plongeuse sous-marine et aventurière
Photo par Alex Kydd
Aventure | Pollution plastique | Récit
Temps de lecture: Environ 4 minutes
Texte par Sarah Gauthier
Mise en ligne 23 Mai 2019
Récit d'une aventurière sous-marine, à la conquête des océans sur les 7 continents.
“Pour protéger quelque chose, il faut d’abord et avant tout l’aimer. J’allais donc montrer les richesses dont nos océans regorgent.” Sarah raconte son aventure exceptionnelle dans les eaux de notre planète.
Les aventures de Scuba Sarah
Je m’appelle Sarah et je suis âgée de 27 ans. J’ai grandi en Gaspésie au Québec, Canada. J’ai toujours eu un intérêt pour l’environnement. Déjà, au primaire, j’étudiais dans une école de la nature où nous avons été initiés au compostage et à la biodiversité. Ce fut pour moi un éveil pour la vie.
En terminant le secondaire, j’ai étudié en techniques de santé animale pour vivre de ma passion au quotidien, les animaux. Puis, j’ai entrepris des études en biologie à l’Université de Montréal. J’y ai obtenu également une certification en plongée sous-marine. Ma mère étant une grande plongeuse sous-marine depuis près de 25 ans, j’avais envie de m’y initier pour pouvoir partager avec elle cette passion. C’était à l’automne 2014. Dès l’hiver suivant lors d’un voyage à Hawaii j’ai eu réellement la piqûre. C’est à ce moment que j’ai pris conscience de l’immensité de l’océan, de sa diversité et, surtout, des richesses à explorer.
Photo par Daniel Tayenaka
Photo par Alfred Minnaar
Son parcours sous-marin, sur les 7 continents :
1. Faille de Silfra, Strytan, Islande
2. Mer Méditerranée, Grèce
3. Mer Rouge, Égypte
4. Malapascua, Visayan sea, Philippines
5. Raja Ampat, Océan Indien,Indonésie
6. Grande barrière de corail, Australie
7. Océan Pacifique, Californie, États-Unis
8. San Cristobal, îles Galapagos, Équateur
9. Carrière Thetford Mines, Québec, Canada
10. Péninsule Antarctique, cercle polaire et grand sud, Antarctique
Explorer sans moraliser
En plongeant quotidiennement aux îles Caïman, alors que j’y travaillais comme instructrice, j’ai pu voir la dégradation des habitats et la pollution qui était de plus en plus présente. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que je devais m’investir à mon tour pour faire bouger les choses et sensibiliser la population à la protection des océans. Je me suis alors questionnée quant aux moyens que je voulais prendre pour y parvenir. À l’heure actuelle, sur les réseaux sociaux, les discours liés à l’environnement se veulent davantage moralisateurs. Moi-même, ces différents contenus me font sentir coupable quant à certains de mes choix. C’est là que j’ai décidé que, plutôt que d’adopter cette attitude, j’allais montrer à la population les richesses dont nos océans regorgent. Parce qu’à mon avis, pour protéger quelque chose, il faut d’abord et avant tout l’aimer. C’est donc dans cet état d’esprit que mon projet a pris forme.
Photo par Daniel Tayenaka
Photo par Alfred Minnaar
Partager mes valeurs
Dans ma valise, j’ai mis une brosse à dents en bambou, un savon et un shampoing en barre, une coupe menstruelle, une bouteille d’eau réutilisable, une paille en verre, des ustensiles en bambou, des sacs de rangement réutilisables, etc. Mon objectif était alors de démontrer qu’il est possible de vivre de façon consciencieuse au quotidien, tout en maximisant le plaisir, mais, surtout, c’était une manière de donner l’exemple. En ce sens, ma vision, est de mettre en pratique ce que l’on valorise. Règle générale, il m’était possible de vivre en fonction de mes convictions. Malheureusement, dans certains pays, les conditions de vie ont fait en sorte que j’ai dû me résoudre à acheter de l’eau embouteillée ou encore des articles suremballés pour me nourrir.
Ce dont je suis fière, c’est que tout au long de mes voyages, j’ai réussi à influencer de façon positive le mode de vie de certaines personnes qui ont croisé ma route.
Photo par Daniel Tayenaka
La beauté d’un poisson-lune
Ce serait faux de dire que je n’ai pas vu beaucoup de pollution. Malheureusement, j’ai constaté l’omniprésence de déchets de plastique sur tous les continents où j’ai plongé. Par contre, j’aime mieux me concentrer sur les beautés de la nature, et les montrer en filmant les paysages sous-marins.
Au-delà des effets visibles de la consommation humaine, ce qui ressort de cette expérience, ce sont les efforts déployés par les communautés pour changer les choses, et protéger les océans. Dans chaque pays visité, j’ai pu voir l’engagement des gens pour trouver des solutions à la situation environnementale actuelle, et ce, peu importe leur origine, milieu socioéconomique ou croyance.
Je me sens choyée d’avoir eu la chance de parcourir le monde. À mon avis, chaque endroit a quelque chose de spécial. Néanmoins, je dois avouer que les îles Galápagos, en Équateur, ont conquis mon cœur par leur biodiversité unique et riche, gorgée d’histoire. Par exemple, c’est à cet endroit que Darwin a développé sa théorie de l’évolution. Ce qui a particulièrement marqué mon expérience dans ce pays, c’est que j’y ai vu mon premier banc de requins marteaux et mon premier Mola mola (poisson-lune), des moments que je ne suis pas prête d’oublier.
Photo par Kevin Gacad
15 mois à faire des choix...
Pour financer mon projet, j’ai travaillé 15 mois aux îles Caïman en tant qu’instructrice de plongée. Cela peu sembler simple mais j’ai dû faire beaucoup de sacrifices pour pouvoir réaliser mon rêve. J’ai mangé des nouilles ramen tous les jours et j’ai coupé le superflu (nouveaux vêtements, alcool... etc.). Il était important pour moi de financer mon projet par moi-même car je savais que cela allait prouver à quel point la protection des océans et de la planète me tenait à cœur. Toutefois, j’ai été très chanceuse car plusieurs écoles de plongée partout sur la planète m’ont appuyée dans mon projet puisque les mêmes valeurs nous unissaient.
Cela va faire 3 ans que je travaille dans le domaine de la plongée sous-marine. Pour ce qui est de la vidéo ça fait environ 1 an que je m’y adonne. Je suis loin d’être une professionnelle en vidéo, cependant j’aime l’idée de partager ce que je vois avec tout le monde. J’ose croire que d’être un amateur permet aux gens de se voir en moi et de se sentir plus interpelés. J’ai acquis principalement mon expérience en Indonésie, au Honduras et sur Grand Caïman dans les Caraïbes.
Mon tour du monde s'est terminé officiellement le 31 mars 2019 en Antarctique. Ce fut une journée très spéciale puisque j’y ai fêté aussi mes 27 ans ! J'ai mis les pieds sur la terre ferme à Ushuaia en Argentine à la suite de 13 jours en mer sur un bateau d’expédition. Mais, “Scuba.Sarah” est loin d’avoir terminée son aventure, la sensibilisation et l’éducation font partie de mes plans futurs !
Vous pourrez découvrir la destination finale de mon périple et plusieurs de mes photos en Antarctique dès septembre, en collaboration pour le prochain dossier de l’Organisation Bleue sur les effets du réchauffement climatique.
Photo par Luca Tavares
Sarah Gauthier
Instructrice de plongée sous-marine | Aventurière
Elle croit que pour vouloir protéger et prendre soin de quelque chose, il faut avant tout l’aimer. Celle-ci utilise les réseaux sociaux pour devenir une leader positive, afin d’atteindre le plus de gens possible et créer un mouvement de changement. Elle est convaincue que de montrer l’exemple fait partie de la solution quant à la situation de la planète en détérioration.